Créer son agence de communication à 23 ans / Elsa Beyssier
- Tim Deguette
- 14 oct. 2024
- 14 min de lecture
Dernière mise à jour : 27 nov. 2024
Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast L'Entre-Prises, où nous mettons en avant les parcours de jeunes entrepreneurs audacieux. Aujourd'hui, nous avons le plaisir d'accueillir Elsa, une entrepreneuse de 24 ans qui a fondé son agence de communication, Bonne Heure, à l'âge de 23 ans.
Dans cet épisode, Elsa nous partage son parcours unique, depuis ses études à l’ISCOM jusqu’à la création de son entreprise. Elle explique comment, après plusieurs stages et une expérience professionnelle difficile, elle a su rebondir et saisir une opportunité inattendue pour se lancer dans l'entrepreneuriat. Accompagnée de son associée, rencontrée lors d'un stage, Elsa a construit une agence qui reflète ses valeurs de passion et d’authenticité, et qui attire des clients partageant la même énergie.
Elsa revient également sur les défis qu’elle rencontre en tant que jeune cheffe d’entreprise, notamment la gestion d'une équipe et l'apprentissage du management. Elle insiste sur l’importance de rester fidèle à soi-même et de se laisser guider par sa passion, tout en cultivant une relation saine avec ses collaborateurs.
Au fil de l'épisode, Elsa nous dévoile ses ambitions pour l'avenir de Bonheur, qui pourraient inclure des collaborations internationales, tout en restant ancrée dans son engagement local à Rouen. Elle partage des conseils précieux pour les jeunes qui souhaitent se lancer dans l'entrepreneuriat, soulignant l'importance de saisir les opportunités, même incertaines, et de ne jamais s'engager dans un projet qui ne les passionne pas.
Cet épisode met en lumière le parcours inspirant d'une jeune femme déterminée, qui prouve que l'entrepreneuriat peut être une aventure enrichissante si l’on ose suivre sa passion et se lancer sans attendre.
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Manon : Quand je suis arrivée en école de communication, on nous disait toujours : "un jour, vous travaillerez dans une agence de communication", mais jamais : "un jour, vous créerez votre propre agence". Pourtant, toi, Elsa, tu l’as fait. Je te laisse la parole, présente-toi et raconte-nous tout.
Elsa : Moi, c’est Elsa, j’ai 24 ans et, comme toi, j’ai étudié à l’ISCOM, mais à Rouen, pas à Lille. J’ai fait cinq ans d’études, et j’ai eu plusieurs opportunités professionnelles qui m’ont amenée à créer, à 23 ans, ma propre agence de communication. Ça fait maintenant presque un an que mon agence Bonne Heure existe et tout se passe bien. Je m’épanouis pleinement dans ce que je fais, je fais plein de nouvelles rencontres, que ce soit au niveau professionnel, avec d’autres jeunes talents, ou avec mes clients.
Manon : C’est fou ! À 23 ans, tu as créé ton agence, directement en sortant de l’école. Tu n’es donc pas passée par l’étape "salariée dans une boîte classique" ?
Elsa : Non, en fait, quand j’étais étudiante, j’ai cumulé stages et contrats d’alternance, comme beaucoup d’étudiants en communication. J’ai aussi fait quelques petits CDD en com’, mais je ne suis jamais passée par la case "salariée". À l’origine, c’était ce que j’avais prévu, mais une opportunité s’est présentée et j’ai décidé de lancer ma boîte. Aujourd’hui, on est deux dans l’agence. Mon associée, c’était en fait ma tutrice de stage et d’alternance. Ça fait trois ans qu’on se connaît. Elle a presque le double de mon âge, mais ça fonctionne super bien entre nous. Je ne sais pas si j’aurais monté cette agence toute seule. Peut-être en tant que freelance, mais pas en tant qu’agence avec une structure. Peut-être que je l’aurais fait dans 5 ou 10 ans, mais on m’a poussé à le faire plus tôt et je ne regrette pas du tout. J’ai saisi l’opportunité.
Manon : Super ! Pour introduire l’agence Bonne Heure, je te propose un petit jeu. Je vais te poser quelques questions rapides et tu y réponds instinctivement, ok ?
Elsa : Allez, c’est parti !
Manon : Plutôt école ou entreprise ?
Elsa : Entreprise.
Manon : Autodidacte ou mentorat ?
Elsa : Autodidacte.
Manon : Solopreneur ou co-fondatrice ?
Elsa : Co-fondatrice, du coup.
Manon : Service ou produit ?
Elsa : Service.
Manon : B2B ou B2C ?
Elsa : B2B.
Manon : Expansion locale ou internationale ?
Elsa : Locale, mais peut-être des opportunités internationales plus tard.
Manon : Modèle récurrent ou one-shot ?
Elsa : J’ai les deux, 50-50.
Manon : Et tu fais ça pour l’argent ou pour la mission ?
Elsa : Pour la mission, mais si je peux vivre de ma passion, ça se rejoint.
Manon : Merci, c’était une belle introduction pour parler de Bonne Heure. Plus tôt, tu disais que tu avais saisi une opportunité, mais ce n’était pas ton ambition de créer une agence en sortant de l’école ? Comment ça s’est passé ? Quel type d’enfant étais-tu ? T’imaginais-tu un jour être à la tête d’une entreprise ?
Elsa : Je pense que ça découle de ma personnalité. J’ai toujours baigné dans la créativité grâce à mes parents. Du côté de ma mère, c’était beaucoup le dessin, et mon père est photographe professionnel. Il y avait aussi de la musique à la maison, donc j’ai grandi dans un environnement très artistique. J’ai aussi appris à m’occuper seule, en tant qu’enfant unique. Ça peut paraître triste, mais en fait j’adorais ça, j’apprenais à m’amuser seule.
Je pense que le fait d’avoir grandi en tant qu’enfant unique m’a permis de développer une certaine autonomie. J'ai appris à faire beaucoup de choses seule, et ça m’a bien servi plus tard. En grandissant, j’ai fini par trouver ma voie : la communication. Au départ, je ne savais pas vraiment ce que je voulais faire, mais dès que j’ai découvert ce domaine, ça a été une évidence. On m’a toujours dit que j’étais créative, que j’avais une aisance à l’oral, donc la communication, c’était une suite logique.
J’ai fait plusieurs stages, et il y en a un qui s’est vraiment mal passé. Ça n’a pas du tout matché, ni du côté de l’entreprise ni du mien. On a mis fin à ce stage assez rapidement, et ça a été un moment de grosse remise en question pour moi. Je me suis demandé si ce domaine était fait pour moi ou si c’était un échec personnel. Mais juste après cette rupture, j’ai trouvé une nouvelle opportunité : une agence immobilière cherchait un stagiaire. J’ai postulé avec un CV et une lettre de motivation vraiment personnalisés pour l’entreprise, et ça a payé. En deux heures, j’ai reçu une réponse pour un entretien le lendemain, et tout s’est très bien passé. Dès cet entretien, j’ai été moi-même, et ils m’ont proposé de commencer immédiatement.
C’est dans cette agence que j’ai rencontré celle qui allait devenir mon associée. J’ai fait trois ans de stage et une année d’alternance dans cette entreprise. Ce qui est drôle, c’est que je ne m’attendais pas du tout à devenir entrepreneure. Au départ, je me voyais salariée, dans une entreprise de communication classique. Mais en travaillant dans cette agence, on a vu qu’il y avait une vraie demande pour de la communication externe, et on s’est dit : pourquoi ne pas lancer notre propre agence ? On avait déjà des clients potentiels prêts à travailler avec nous. On a saisi l’opportunité.
Manon : C’est super intéressant ! Donc à la base, tu te voyais salariée après tes études, et finalement une opportunité s’est présentée, et tu as choisi de te lancer dans l’entrepreneuriat. Ce n’était pas du tout prévu juste après tes études ?
Elsa : Non, pas du tout ! Je pensais plutôt à l’entrepreneuriat dans 5 à 10 ans. J’avais envisagé de me lancer en freelance, mais ça me faisait un peu peur. J’aime bien avoir une certaine sécurité, et me dire que je pourrais me lancer en freelance sans savoir si j’aurais des clients pendant 6 mois, ça me stressait. Bien sûr, on a le chômage après l’alternance, mais c’est assez limité. Et puis, j’aime bien profiter de la vie, voyager, etc. J’adore mon métier, vraiment, mais si je peux en vivre tout en continuant à profiter de la vie, c’est un bon compromis.
Manon : C’est marrant, parce que je pense qu’on avait deux profils bien différents à l’ISCOM. Quand les profs nous disaient : "un jour, vous travaillerez en agence", toi, tu disais : "oui, peut-être que je serai salariée dans une agence". Moi, j’étais plutôt du genre à vouloir les contredire et à leur dire : "Non, c’est moi qui vais créer mon agence". Personne ne parlait d’entrepreneuriat à l’école, alors que c’est quand même super important. Comment as-tu perçu ce discours où, pour tout le monde, c’était logique de devenir salarié après les études ? C’était logique pour toi aussi ?
Elsa : Je pense que ça dépend beaucoup des personnalités. Il y a ceux qui veulent viser une grosse entreprise, quitte à se fondre un peu dans la masse, mais en participant à de gros projets qu’on voit partout, à la télé par exemple. Moi, je faisais plutôt partie de ceux qui, après une mauvaise expérience dans une grande entreprise, préféraient les petites structures, quitte à être seule dans mon service de communication, comme ça a été le cas dans l’agence immobilière où j’ai travaillé. Là-bas, je faisais tout, et ça me convenait parfaitement. J’avais mon bureau, j’étais la référente communication, et je n’avais pas besoin de me fondre dans une équipe de 40 à 150 personnes.
J’ai toujours voulu que mon travail ait un réel impact pour l’entreprise, sans être noyée dans une grande équipe. Même si les gros projets sont géniaux, je préfère être dans une petite structure où ce que je fais a vraiment du poids, quitte à gagner moins. Entre travailler pour une grosse boîte à Paris et faire ce que j’aime ici, je choisis l’épanouissement professionnel. C’est aussi ce qui me motive à me lever le matin pour aller bosser.
Manon : C’est hyper important ! D’ailleurs, j’ai vu que tu commençais à recruter. J’imagine que ce sont des valeurs que tu partages avec tes futurs stagiaires et alternants ? Tu leur dis clairement comment ça fonctionne chez vous, non ? C’est génial de pouvoir créer une ambiance unique autour de ton agence, d’avoir tes propres rituels et d’imposer ta vision. Et en plus, les gens te suivent, c’est top !
Elsa : Oui, complètement ! Je commence effectivement à recruter. J’ai une personne en alternance qui va bientôt me rejoindre, et j’ai déjà deux stagiaires. C’est une expérience intéressante, même pour eux, car je leur dis toujours : "Vous avez 20 ans, j’en ai 24. J’ai encore plein de choses à apprendre, et je peux aussi apprendre de vous". On a tous nos spécialités, et c’est enrichissant pour tout le monde.
J’ai adoré faire les entretiens pour l’alternance, même si parfois, on peut ressentir un certain manque de légitimité à cause de l’âge. Par exemple, j’ai eu des candidats de 26 ans alors que moi, je viens juste d’avoir 24 ans. Ça peut être un peu intimidant, mais les personnes que j’ai rencontrées étaient prêtes à travailler avec moi, et ça s’est très bien passé. Ça n’a pas du tout été un problème pour elles. Quand je recrute, je me base beaucoup sur mes propres expériences, bonnes et mauvaises, pour savoir ce que les gens recherchent dans une entreprise. Même si chaque personne a ses propres critères, je pense avoir une bonne idée des attentes générales. Par exemple, lors des entretiens pour une alternance, je leur dis toujours : "Je sais très bien que lors d’un entretien, on a tendance à vouloir donner les bonnes réponses, mais moi, je m’attends à de l’honnêteté." Quand je demande "Dans quelles missions te vois-tu le plus ?", je ne veux pas entendre "dans tout", parce que ce n’est pas vrai. Tout le monde a des préférences et des tâches qu’il apprécie moins. Ils étaient honnêtes, et je leur ai dit que c’était exactement ce que je cherchais : quelqu’un qui aime vraiment ce qu’il fait.
Je leur explique aussi que si quelqu’un est plus à l’aise dans le graphisme, par exemple, il n’y a pas de problème. Je les laisse s’investir dans ce qui les fait vibrer, et je m’occupe d’autres tâches. Le but, c’est que chacun trouve du plaisir à venir travailler, même s’il y a des projets moins passionnants. C’est comme ça, c’est la réalité du travail.
Avec les stagiaires, c’est pareil. J’apprends en même temps qu’eux, notamment en tant que jeune manageuse. Le management, c’est quelque chose qu’on n’apprend pas forcément à l’école, et c’est loin d’être inné. C’est pour ça que j’essaie de m’entourer d’un réseau d’entrepreneurs pour continuer à me former sur ces aspects. J’ai intégré un processus de recrutement pour rejoindre un réseau national d’entrepreneurs dans la région, et ça peut m’aider à progresser.
Manon : C’est clair que manager une équipe, c’est pas facile. On ne l’apprend pas à l’école, et en plus de gérer ton entreprise, tu dois gérer tes clients, ton équipe, et l’administration. C’est une grosse responsabilité. Je vois dans ton bureau que tu as plein de post-it partout, tu as vraiment ton organisation propre. Trouver des gens qui s’accordent avec ta manière de fonctionner, c’est pas évident. Gérer une équipe, c’est un vrai challenge !
Elsa : Oui, totalement ! Et je l’apprends en ce moment avec mes stagiaires. J’ai déjà encadré une stagiaire auparavant, quand j’étais moi-même stagiaire, et ça s’était bien passé parce qu’elle était très autonome. Je lui donnais des tâches à faire et elle se débrouillait toute seule au bout d’un moment, même si on travaillait toujours en duo.
Là, j’ai deux stagiaires qui sont arrivés en même temps, et c’est un vrai challenge. Quand l’un est occupé sur un projet, moi je dois avancer sur mes propres tâches tout en m’assurant que l’autre a aussi quelque chose à faire. Ça demande une grande organisation parce que ce sont des personnes en apprentissage, elles ne savent pas tout faire et il faut les encadrer. C’est un équilibre à trouver.
L’objectif, quand tu recrutes en CDD ou CDI, c’est d’avoir des personnes qui, après un petit encadrement au début, prennent de l’autonomie. Je pense que c’est plus compliqué de gérer quelqu’un en apprentissage, comme un stagiaire ou un alternant, parce que ça demande plus de temps et d’accompagnement. Pour l’organisation, j’ai mis en place un planning visuel que je modifie un peu chaque jour. Ça leur donne une trame de ce qu’ils vont faire, aujourd’hui et demain. Après, c’est flexible. Si l’un d’eux avance plus vite, il peut passer à autre chose.
Manon : Oui, tu es à la fois leur collègue, parce que vous travaillez ensemble dans le même bureau, mais aussi leur supérieure. Tu dois obtenir des résultats à la fin, parce que tu es à la tête de la boîte.
Elsa : Exactement. Je suis leur collègue, mais surtout leur supérieure. Je suis là pour les guider. Ce n’est pas parce qu’on a presque le même âge que je suis leur copine. C’est une frontière fine à gérer. On s’entend bien, on parle de tout, et on a des sujets en commun vu notre âge, mais si quelque chose ne va pas, je dois pouvoir leur dire, même si ça concerne un comportement ou une manière de travailler.
Manon : C’est une grande maturité que de réussir à faire la part des choses. Il faut être sympa pour que tes stagiaires aient envie de rester, mais sans franchir la ligne où ils deviennent tes amis. C’est un équilibre délicat.
Elsa : Oui, exactement. Quand ton tuteur a 50 ans, la question ne se pose pas. Il y a une distance naturelle. On peut bien s’entendre, mais on ne vit pas les mêmes choses, donc la relation est plus claire. Là, avec des stagiaires qui ont quasiment mon âge, il faut réussir à maintenir la hiérarchie au travail. Jusqu’à présent, je n’ai pas eu besoin d’aborder de sujets difficiles, comme un comportement inacceptable. J’ai dû parfois dire : "Peut-être que ça, tu devrais le faire différemment", mais je n’ai jamais été confrontée à une vraie problématique.
Manon : Tu appréhendes un peu le moment où ça arrivera ? Parce que ça finira forcément par arriver.
Elsa : Oui, c’est sûr. Par exemple, parfois, je vois un stagiaire un peu trop sur son téléphone. Je n’ai rien contre, moi-même je suis tout le temps sur mon téléphone pour le travail. Les réseaux sociaux, c’est notre outil de travail, donc je comprends. Mais il faut être productif. Faire une story ne prend pas toute une après-midi. Il faut que j’apprenne à dire les choses calmement, sans être trop dure. Je me considère comme quelqu’un de plutôt gentil, donc c’est difficile pour moi de jouer ce rôle.
Manon : C’est vrai qu’on ne t’apprend pas vraiment ça à l’école. Peut-être en gestion de projet, on voit un peu le leadership, mais apprendre à manager une équipe, c’est différent.
Elsa : Oui, complètement. Dans les projets de groupe à l’école, je me retrouvais souvent à prendre les choses en main, surtout quand personne ne voulait le faire. Mais ça dépendait des groupes. Parfois, j’aime aussi qu’on me dise quoi faire, pour être guidée, mais je n’y arrive pas toujours. J’ai ce besoin de donner mon avis si je ne suis pas d’accord sur la façon dont les choses sont faites. Il faut aussi savoir accepter de se laisser guider, tout en restant honnête si on pense différemment.
Manon : C'est vrai que parfois, tu te retrouves dans des groupes où une personne a une idée en tête et veut absolument l'imposer à tout le monde, alors que les autres suivent sans trop réfléchir. C’est compliqué dans ces situations, mais moi, j'ai toujours tendance à dire si je ne suis pas d'accord. Par contre, c'est aussi bien parfois d'apprendre à se laisser guider. Lâcher prise, c'est plus difficile, surtout pour des profils un peu entreprenants. C'est souvent plus compliqué de lâcher prise que de prendre les commandes.
Elsa : Oui, clairement. C’est une vraie question, d’ailleurs : est-ce que l’entrepreneuriat est inné ou est-ce que ça se développe avec le temps ? Personnellement, je pense que ça se développe, mais ça dépend aussi beaucoup de comment tu as grandi.
Manon : Oui, exactement. Il y a peut-être des prédispositions. Quand tu commences à t’intéresser à un domaine jeune, comme moi avec la photographie, tu te formes petit à petit à gérer des projets, des gens... Mais est-ce que, il y a huit ans, tu t'imaginais dans cette position ?
Elsa : Franchement, non. Je ne me suis jamais dit : "Je vais être cheffe d'entreprise". Si tu m’avais dit il y a trois ans que j’allais monter une agence de com, je t'aurais répondu : "Peut-être dans cinq ans". Quand j’ai commencé la com, je ne pensais pas du tout à l'entrepreneuriat.
Manon : Et pourtant, quand tu m'as dit que tu te lançais, ça ne m'a pas étonnée ! On en avait déjà parlé avec Priscilla, ton associée, de où vous vous voyiez dans cinq ou dix ans. On avait évoqué des clients parisiens, mais déménager à Paris ?
Elsa : Ah non, moi, déménager à Paris, ce n’est pas du tout dans mes plans. Pourquoi Paris serait le centre de tout ? On peut très bien avoir une grosse agence à Rouen et travailler avec des clients parisiens. Rouen-Paris, c’est proche, donc tout est possible. Après, il y a plein d’agences dans la région, mais je ne vois pas les autres comme de la concurrence. Chacun a ses talents et ses clients. Je ne veux pas entrer en conflit pour "courir" après les clients. Je préfère que les gens viennent à nous parce qu’ils aiment ce qu’on fait.
Manon : C’est une belle philosophie. Du coup, pour conclure cet épisode, quels seraient tes conseils pour les jeunes en école de communication qui ne savent pas trop quoi faire après leurs études, ou pour ceux qui voudraient créer leur propre agence ?
Elsa : Mon conseil, ce serait vraiment de saisir les opportunités qui se présentent, même si vous avez des doutes. C’est normal de ne pas être sûr à 100 % que ça va marcher, mais essayez ! Si ça ne vous convient pas, vous pouvez arrêter. Avant de créer mon agence, j’ai eu une expérience vraiment merdique dans une entreprise où ça s'est très mal passé. J’en ai pleuré et j'ai remis en question toutes mes compétences. Mais le lendemain, j'ai rebondi et trouvé une opportunité qui m'a menée là où je suis aujourd'hui.
Si vous voulez vous lancer, il faut aussi avoir conscience que ce n’est pas du 30 ou 35 heures. Il faut bosser dur, mais surtout, il faut que ça vous passionne. Si vous lancez un business juste pour le faire, ça ne tiendra pas sur la durée. Les gens doivent sentir que vous êtes passionné par ce que vous faites. Ça, c'est indispensable.
Manon : Oui, carrément. Merci beaucoup Elsa pour cet échange !
Elsa : Avec plaisir, c’était trop cool.
Manon : Oui, clairement, l'essentiel, c'est de se faire kiffer.
Elsa : Exactement !
Manon : Et quand on est passionné, on devient aussi passionnant.
Elsa : C’est ça, les gens le ressentent.
Manon : Oui, vraiment. Quelqu’un de passionné devient automatiquement passionnant quand il parle de ce qu’il aime, c’est comme une boucle infinie.
Elsa : Totalement. Et ça peut même être contagieux. Un client passionnant peut te rendre passionné par son projet. On attire aussi les clients en fonction de notre personnalité. Par exemple, moi, je n’ai que des clients qui sont eux-mêmes passionnés par leur métier. Ils sont satisfaits du travail qu’on fait ensemble, même si je suis jeune. Ils me le disent souvent, et c’est ce qui permet de continuer à collaborer sur le long terme.
Manon : C’est super ! Merci beaucoup, Elsa.
Elsa : Merci à toi, c’était un plaisir.
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