Les revers de l’entrepreneuriat / Antonio Maillot
- Tim Deguette
- 11 nov. 2024
- 27 min de lecture
Bienvenue dans ce nouvel épisode. Antonio Maillot, photographe professionnel et fondateur d’une agence de communication, nous raconte son parcours atypique. À seulement 22 ans, il est déjà une figure incontournable dans le milieu de la photographie au Havre. Antonio revient sur ses débuts, qui ont commencé sur YouTube. Au fil des années, il a découvert sa passion pour la photographie, qu’il a transformée en métier après avoir obtenu un bac pro photo. Après un premier passage dans la restauration pour se stabiliser financièrement, il a franchi le pas et s’est lancé dans l’entrepreneuriat à 18 ans, convaincu que c’était là sa véritable vocation.
Mais l'entrepreneuriat n’est pas sans sacrifices. Antonio explique comment, à force de travailler sans relâche, il a perdu de vue certains aspects de sa vie personnelle, notamment ses relations amoureuses et amicales. Il partage son expérience du burn-out en 2022. Un moment difficile où il a accepté trop de projets, par peur de manquer d’opportunités. Cette épreuve lui a appris à mieux gérer son temps, à fixer des limites et à dire non lorsqu’il le fallait.
À travers ce témoignage, Antonio évoque aussi la solitude des jeunes entrepreneurs, souvent incompris par leur entourage. Bien que son travail lui apporte une grande satisfaction, il regrette parfois de ne pas avoir vécu la vie étudiante traditionnelle. Antonio reconnaît que l’entrepreneuriat nécessite des sacrifices, notamment en termes de temps personnel et social.
Cet épisode nous explique l’importance de dire “non” et de trouver sa zone de brillance. Antonio rappelle aussi qu’il est primordial de croire en son projet, de savoir prendre soin de soi et de ne pas se perdre dans les défis de l’entrepreneuriat.
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Manon : On voit souvent l'entrepreneuriat comme une activité super positive, où l’on a plein d'argent et d'opportunités. Mais, en réalité, pour beaucoup d'entre nous, ce n’est pas forcément le cas. Quand on est entrepreneur, surtout en période de rush, on peut facilement frôler le burn-out, et ça, c’est un vrai problème pour beaucoup d'entrepreneurs. C’est pourquoi, pour parler des revers de l'entrepreneuriat, j’ai décidé d’en discuter avec toi, Antonio. Alors, je te laisse te présenter, c'est à toi.
Antonio : Alors, moi c’est Antonio Maillot, j’ai 22 ans. Je suis photographe professionnel et fondateur d’une agence de communication que j’ai lancée il y a environ un an et quelques mois.
Manon : C’est génial ! Bravo ! À ton âge, c’est vraiment impressionnant. Du coup, explique-nous comment t’en es arrivé là. Comment t’es devenu Antonio Maillot, le photographe iconique du Havre ? Parce que tout le monde te connaît ici ! Raconte-nous un peu ton parcours.
Antonio : Tout a commencé au collège. À l’époque, je m’étais lancé sur YouTube. J’étais un peu la "star", j'avais un pseudo assez rigolo : Une drôle de licorne. Je me filmais avec mon iPad, mais les vidéos n’étaient pas super… Je me suis dit, "il faut upgrader l’appareil." Mes parents m’ont donc acheté un appareil photo, un Canon 200D. Je me suis dit : "Si j’ai un appareil photo, autant faire des photos !" Et là, j’ai commencé à shooter mes potes dans des petites campagnes, des photos de nature, de fleurs… Après, je me suis mis à prendre des photos dans les parcs, sous des arbres. Et j'ai adoré ça. Arrivé à la fin du collège, c'est le moment de choisir ton orientation. Au départ, je voulais faire de la restauration. J’avais toujours adoré ce milieu, je ne sais pas trop pourquoi, mais ça m'attirait. Puis, en feuilletant un livret avec les différentes options de formation, je suis tombé sur Saint Vincent de Paul au Havre, où il y avait un bac pro photo. Là, je me suis dit : "Waouh, let's go !". Au début, ce n'était même pas une passion, la photographie. J’ai découvert ce domaine vraiment par hasard. Quand je suis arrivé au lycée, c’était génial ! Je n’étais pas du tout scolaire – les maths, le français, franchement, ça me gonflait. Mais à Saint Vincent de Paul, ce que j'adorais, c’était les 8 heures de studio par semaine, ou parfois 4 heures. Il y avait aussi des séances de post-production où tu travaillais sur Photoshop, Lightroom. C’était vraiment super ! En plus, il y avait plein de gens qui partageaient mon univers, et ça a fait "tilt" pour moi. Au départ, je ne savais pas que ce serait mon métier. En seconde, je n'étais pas encore sûr de mon avenir. Mais en faisant des stages à Paris, parce que je voulais absolument bouger du Havre (je savais qu'ici, la photo, c'était pas encore vraiment le top), là je me suis dit : "C’est l’entrepreneuriat en fait, c’est un truc de fou !" C’est à ce moment-là que j’ai vraiment pris conscience que je pouvais en faire mon métier. Et c'est ça que je veux être. Mon maître de stage, Je sais pas si tu te souviens, pendant le confinement, il faisait des karaokés sur son balcon, tu te rappelles ? Ce gars-là, il bossait pour sephora. Il faisait des vidéos plutôt "beauty". J'adorais ce qu'il faisait, sa manière de filmer. J'avais aussi rencontré pas mal de photographes avec des styles complètement différents, certains un peu mode, d'autres comme nous, qui font de la photo pour les particuliers. En fait, je crois que j’ai pris un peu de tout l'univers de chacun, et j’ai créé le mien, tu vois ? Et c’est là que je me suis trouvé. À chaque fois que je revenais au Havre, je me disais : "C’est ça que je veux faire, vraiment, créer mon entreprise." C’est marrant parce qu’il y a 5 ou 6 ans, quand j’étais encore en stage, je me souviens d’un snap dans le métro où je disais que je rêvais d’avoir une agence, de faire des shootings avec des mannequins. À l’époque, je ne savais pas trop comment ça allait se passer, mais je savais que je voulais une agence.
Manon : C'est énorme ! Tu as vraiment réalisé ton rêve d’enfant ! C’est trop génial, franchement !
Antonio : Ouais, c’est un peu ça, je crois. Merci beaucoup ! Et du coup, après mon bac pro, je me suis lancé directement. En fait, après mon diplôme, j’ai passé un mois au bistrot Parisien , au Havre. Parce que, tu sais, mon cœur me disait : "Vas-y, goûte un peu à la restauration, au moins tu seras fixé". En plus, je voulais aussi avoir un petit peu de trésorerie pour commencer mon activité, ce qui est hyper important. On pourra en reparler, mais c’est là que j’ai eu un déclic. Je me disais : "Aujourd’hui, je bosse pour 60 euros la journée dans un resto, mais je peux vendre un shooting à 60 euros pour une heure !" Et là, je me suis dit : "Attends, je serais payé à faire ce que j’aime, et en plus pendant seulement 1 heure, alors que là, dans la restauration, je fais des horaires de fou !" C’est crevant. Du coup, je me suis dit : "Ok, vas-y, fonce, crois en ton projet et let's go !" Et à partir de là, je n’ai pas arrêté. J’ai enchaîné avec plein de vidéos sur Instagram, j’ai aussi fait beaucoup de collaborations à Paris avec des influenceurs, des modèles, des projets perso… Et tout ça a fait boule de neige. Les gens ont accroché, peut-être aussi à ma personnalité. Mais franchement, c’est cool, c’est vraiment génial.
Manon : C’est fou de se dire que tu es parti d’un simple cadeau de tes parents, un appareil photo, et aujourd’hui tu as trouvé une vraie passion et tu en es là, avec ton propre business. C’est incroyable !
Antonio : Ouais, carrément, merci YouTube ! Sans ça, franchement, je n’aurais jamais commencé.
Manon : C’est marrant, parce qu’on a un peu le même parcours. Moi aussi, je faisais des vidéos sur YouTube. J’étais un peu la "star" du collège. J'avais une chaîne: Manon’s vie. Mais en vrai, c'était vraiment moi à l’époque. Je faisais un peu du lifestyle et tout ça. Et donc, j’avais un appareil photo que mes parents m’avaient offert, je ne me souviens plus trop comment. Et je filmais toutes mes vidéos avec. Puis après, il fallait bien faire les miniatures des vidéos, donc mes potes me prenaient en photo. À un moment donné, je me suis dit : "Bon, vas-y, comment ça marche tout ça ? Il y a bien des réglages à faire, non ? Pourquoi je suis aussi blanche sur la photo ? Là, on ne voit rien…" Et au fur et à mesure, je me suis mise à comprendre comment ça fonctionnait. Je disais à mes potes : "Vas-y, mets-toi là, devant la lumière, et hop, tu poses comme ça." Et c’est marrant, parce que du coup, les rôles se sont carrément inversés. J'ai arrêté les vidéos YouTube, évidemment, mais la photo, elle a continué. Et aujourd'hui, ben regarde, je suis photographe, comme toi ! C'est énorme !
Antonio : C’est trop marrant de voir qu’on a tous les deux commencé à peu près de la même manière. Je pense qu'on n'est pas les seuls à avoir démarré comme ça, en fait.
Manon : D’ailleurs, ce serait trop intéressant de faire un sondage un jour, tu sais, pour savoir combien de photographes ont commencé par faire des vidéos.
Antonio : Surtout dans notre génération, tu vois, parmi les photographes de notre âge. D'ailleurs, toi t’as quel âge ?
Manon : J’ai 20 ans.
Antonio : Ah, ok ! Ça fait sens. Ouais, ce serait vraiment cool de voir ça, je pense que ce serait intéressant.
Manon : Mais du coup, l’entrepreneuriat… C’est vrai que c’est un parcours rempli de hauts et de bas. C’est plein d’opportunités, mais aussi de challenges. Comment tu as géré le fait d’être entrepreneur directement après le bac, à 18 ans ? Est-ce que tu te sentais prêt à créer une entreprise à cet âge-là ? Parce qu’il y a plein de questions qui se posent, tu vois. Même les parents et les proches, comment ont-ils réagi ?
Antonio : Je pense que j’ai toujours été super fier, tu vois, et je n’ai jamais vraiment montré mes faiblesses aux autres. Donc à partir de ce moment-là, les gens pensaient que ça devait être facile, que je ne galérais pas. Mais en réalité, c’était vraiment compliqué à gérer. Parce qu'entre le taf, ta vie perso, ta vie amoureuse, et ton entreprise qui commence à prendre du galon... Moi, je sais que mon taf m’a coûté ma relation amoureuse, parce qu'à ce moment-là, la personne ne comprenait pas que je sois en train d’évoluer. On s’est complètement mal compris, et ça a fini par se dégrader. C'est triste à dire, mais au final, j’ai suivi mon cœur. Je me suis dit : "Tu ne peux pas arrêter de croire en ton projet pour une relation amoureuse. La personne doit aussi croire en toi et vouloir s’investir." En vrai, quand tu démarres à 18 ans, tu ne te rends même pas compte de tout ça. Tu es un peu dans l’insouciance. Je vivais encore chez mes parents, donc tant que je rentrais un peu d'argent, c'était cool. Si je ne faisais même pas un SMIC, j'étais content, tu vois. Parce que je me disais : "C’est toujours de l'argent." À l'époque, je n’avais pas de grosses dépenses, juste une petite voiture et un petit truc ici et là. Donc ça allait, je n'avais pas trop de frais. Mais en fait, tu ne réalises pas tout de suite que l'entrepreneuriat, c'est beaucoup plus complexe que ça. Mais oui, je pense que l’insouciance, c’est vraiment un moteur. Après, je suis un peu un personnage volatil, tu vois, un peu dans mes délires. C’est un peu comme ça.
Manon : Ouais, je vois ce que tu veux dire. C’est ce côté insouciant qui fait que tu fonces sans trop réfléchir, mais c’est vrai qu’ensuite, ça peut devenir compliqué à gérer. Moi aussi, je suis très spontané. Un projet ? C’est cool, on tente et on verra bien si ça fonctionne. Si je me pose des milliards de questions, c’est sûr que ça m’empêche de faire quoi que ce soit. Mais en même temps, je me pose des questions, quand même. Tu sais, je me demande ce que les gens vont penser de moi, si ce que je fais est vraiment durable, si ça va tenir dans le temps, où j’en serai dans quelques années, qu’est-ce que ça va donner à long terme... C’est un peu fou, mais le regard des autres, ça me travaille aussi. C’est dur de ne pas en tenir compte, surtout quand tu as l’impression d’être à part, avec ton activité qui te prend à 100% alors que tes potes sont à l’école. C’est pas évident de s’assumer dans cette différence. C’est pas facile de dire "je n’ai pas la même vie que vous".
Antonio : Ouais, je vois exactement ce que tu veux dire. Moi aussi, quand j’avais 20, 21 ans, je voyais mes potes partir à la fac. Ça me faisait un peu mal au cœur de les voir vivre ce que j’avais imaginé pour moi. C’était un peu comme un rêve d’adolescent que je n’ai jamais pu réaliser. Parce que, tu sais, tout ce qui tourne autour de la vie étudiante, comme les soirées, les projets de groupe, les événements organisés par le BDE... C’est des trucs que je n’ai pas vécus, et je pense que ça m’a manqué. Mais bon, d’un autre côté, ce que j’ai vécu côté pro, ça a compensé. Mais je t’avoue que ça reste un peu une frustration. Ca m’a coûté des relations amicales aussi . Des moments où t’es avec des gens et t’es complètement ailleurs. Genre, t’es au café, tu discutes tranquillement, et toi, tu réponds à des messages Instagram, tu gères les demandes de photos, ou tu envoies des factures... et ça, ça te fait louper plein de moments importants avec les autres. Ça m’a coûté énormément, tu vois, de ne pas être présent. Je sais pas si ça t’est déjà arrivé à toi ? Genre même à table, d’avoir ton esprit qui est déjà ailleurs…
Manon : Ah, carrément. Oui, c’est ça. Tu reçois une nouvelle demande de mariage, et là, tu es trop content, tu commences à te dire "Ah trop bien, je vais avoir un mariage à shooter", mais en même temps, tu n’es même plus dans la conversation. Ça peut vite être mal interprété, tu vois. Et au final, ça devient difficile à gérer. Parfois, je me dis "Attends, il faut que je décroche un peu", mais t'as ce truc où tu sais que c’est aussi un côté excitant de ton boulot, ce genre de nouvelles opportunités qui arrivent tout le temps. Comme tu disais, un mariage, c’est l’équivalent de plusieurs semaines de salaire dans certains boulots, donc tu vois la différence. Mais ce qui est lourd, c’est les sacrifices qui viennent avec ça.
Antonio : Ouais, exactement. Parce qu’en fait, comme tu dis, dans un mariage, tu peux faire autant qu’en plusieurs semaines de travail, surtout si tu compares ça à un boulot en CDI. C’est dingue, en fait. Mais la réalité, c’est que ces week-ends-là, tu les perds. Tous mes samedis, je les ai passés à travailler. Et puis, récemment, j’ai commencé à avoir un peu de temps libre, et ça m’a fait tout bizarre, tu vois. J’étais là, "Quoi, j’ai un week-end entier ? C’est ouf !" Parce que j’ai tellement été habitué à bosser les samedis, à être pris par les mariages ou d’autres projets, que l’idée d’avoir un week-end complet, ça me fait un choc. C’est un vrai sacrifice. Tu dois être prêt à renoncer à passer du temps avec ta famille, tes amis, voire ton amoureux, tu vois. C’est un truc de fou.
Manon : J’ai vu que l’année dernière, tu as partagé une vidéo sur Instagram sur "Les vagues de l’entrepreneuriat" où tu parles de ton burn-out en 2022. Est-ce que tu veux nous en parler un peu ? Comment ça s’est passé ? Est-ce que tu l’avais vu venir ?
Antonio : Franchement, je ne m’y attendais pas du tout. Pas du tout. Pour moi, mon travail, c’est toute ma vie. J’adore ce que je fais. Mais à un moment, j’étais ce mec qui disait "oui" à tout, même à des projets qui ne me parlaient pas vraiment, juste pour remplir mon agenda. J’avais peur de manquer d'argent, d’opportunités, de passer à côté de quelque chose. Même des trucs comme des EVJF ou des baptêmes, tu vois, des choses que je sais très bien que je n’aime pas trop faire, mais je disais "oui" parce que je pensais que chaque expérience était bonne à prendre. C’est vrai dans un sens, mais au final, ça m’a perdu. Et puis, avec la saison des mariages, l’été et tout le surplus de boulot, c’était trop. C’était vraiment trop. J’ai totalement craqué. Ce burn-out, tu ne le vois pas venir, tu es juste là à continuer de pousser, et puis d’un coup, t’es vidé. Tu n’as plus d’énergie, plus de motivation, tout devient une phobie. Quand je recevais des appels ou des emails, je paniquais, je me disais "Qu’est-ce qui va encore m’arriver ?" Et je crois que j’ai eu aussi des gens qui n’étaient pas tendres avec moi à ce moment-là. Ça a ajouté au stress, ça a fait une boule de neige. C’était compliqué, vraiment. Et même encore aujourd’hui, je ressens un peu les séquelles. Par exemple, rien que le son de mon téléphone qui vibre, ça me fait un peu flipper. Mais avec le temps, tu apprends à prendre du recul. J’ai essayé de mieux gérer mon emploi du temps, de m’imposer des horaires plus doux, de dire non parfois... Parce que, tu vois, ce n’est pas juste le travail qui te coûte, c’est tout l’équilibre qui se casse.
Manon : Ouais, c’est fou, vraiment. Quand tu te retrouves à vivre des moments comme ça à 20 ou 21 ans, c’est bizarre, tu te dis "Mais pourquoi je vis ça à cet âge-là ?" Pendant ce temps, t’as les autres qui sont en train de s’éclater à leurs soirées, à leur BDE, à leur vie d’étudiant. C’est pas un peu bizarre de se dire que tu n’as pas du tout la même vie ? Comme si tu étais à un autre rythme … tu as dû beaucoup te remettre en question ? Tu ne savais peut-être plus où était ta place ?
Antonio : C'était hyper confus. Et puis, je me comparais aussi, tu vois, je regardais ceux qui faisaient des études classiques, qui étaient dans des petites associations ou qui avaient leur petite vie tranquille, et je me disais "C’est ça la vraie vie, non ?" Ce petit appart, ce côté étudiant un peu standard... même s’il y a des galères, je trouvais ça "trop mini", tu vois ? Un peu simple, mais dans le bon sens. Et à côté de ça, moi, je vivais un truc complètement différent. C’était pas facile d’avoir des amis proches, vraiment. En fait, j’étais assez connu dans mon milieu, mais je n’avais pas ce groupe d'amis soudés, tu vois. C’était très restreint, je m’entendais bien avec quelques personnes, mais il y avait toujours ce décalage. Et ce qui était encore plus dur, c’était de ne pas me faire comprendre des autres. C’est horrible, quand tu es dans un bar avec tes potes et que tu leur dis "J’ai un mariage à shooter ce week-end", et qu'ils sont là "Ah cool, mais bon…". Pour eux, ça ne fait pas le même effet, tu vois ? Ils n’arrivent pas à comprendre que pour toi, c’est un truc de fou, que t’as des gens qui te font confiance, que tu aimes ce que tu fais, que tu y mets du cœur. C’est dur, surtout à un âge comme le nôtre. Parce qu’être jeune et entrepreneur, c’est compliqué, tu n’es pas toujours compris, et ça, ça te pèse. Et même avec mes parents, c’était un peu le même délire. Ils sont un peu comme moi, un peu dans leur propre monde, et je crois qu’ils me font confiance, mais ils ne comprennent pas forcément ce que je fais ou pourquoi c’est aussi important pour moi. Ça les rassure, mais c’est tout. Et du coup, tu te sens seul parfois à gérer ce truc, à assumer ce rôle d’entrepreneur. Tu te dis, "Mais avec qui je vais partager tout ça ? Qui va comprendre ce que je ressens ?" C’est super dur. Et là, depuis quelques mois, j’ai eu la chance de rencontrer des gens dans mon domaine, des professionnels avec qui je peux vraiment partager ce que je vis. Ça m’a beaucoup aidé, ça fait du bien de pouvoir en parler avec des gens qui comprennent. Mais sinon, c’était compliqué.
Manon : Mais, comment tu sors d'un burn-out ? Je vois aussi pas mal de gens passer par là, et en effet, je remarque que souvent, le fait de se lancer dans un nouveau projet les aide à sortir la tête de l’eau. Tu as vécu ça aussi ? Est-ce que c’est un projet qui t’a permis de retrouver de l’énergie et de repartir de zéro, ou tu as eu besoin de plus de temps ?
Antonio : Ouais, c’est ça, c’est un peu comme une deuxième chance, mais il faut savoir comment la gérer. Je me disais « Ok, c’est un nouveau départ, une nouvelle ère ». Et c’est comme ça que j’ai lancé Vibes. Ça m'a permis de poser un pied dans un projet plus stable, plus ancré, avec des revenus plus réguliers. Et ça, ça m’a aidé à ne pas retomber dans ce cycle d’épuisement où tout brille en été, mais où l’hiver, c’est galère et tu te retrouves tout seul à bosser sur des retouches interminables. Et ça, ça m’a aussi appris qu’il faut de la stabilité, que tu as besoin de plus que juste des projets ponctuels. Parce qu’être photographe, tu peux te retrouver à bosser tous les weekends, mais tu as ces creux où tu galères, et tu te dis : « C’est ça la réalité, aussi. ». Et donc, j’ai vraiment eu besoin de cette stabilité, tu vois, de me dire que je pouvais compter sur des contrats réguliers, des projets qui me donnaient plus de sécurité. L’aspect B2B, c’est ça qui m’a permis de me rassurer un peu, de sentir que j’étais moins dans l’incertitude. Ça m’a donné une forme de "safeness", de sécurité, et du coup, ça m’a sauvé.
Manon : Mais c’est marrant parce que c’est encore un nouveau projet ! Et maintenant tu n’as plus cette crainte d’avoir un agenda trop rempli ? Parce que maintenant tu as trois activités.
Antonio : Maintenant, j'arrive de plus en plus à ne pas charger mes journées. Je veux dire, si je suis là à enchaîner deux shootings et trois rendez-vous la journée, je me sens direct épuisé. Je sais que je ne vais pas pouvoir être à 100% dans chaque projet, et ça, ça me dérange. Je préfère avoir moins de projets et pouvoir me concentrer sur chacun à fond. Vraiment, ça m’a appris à étaler les choses dans le temps, à prendre mon temps pour chaque personne. L'énergie, c’est important, je ne veux pas la gaspiller à essayer de remplir un agenda pour le simple plaisir de le remplir. Et maintenant, c’est beaucoup plus chill. J’ai appris à laisser un peu de mou, à ne pas tout planifier à la minute près. C’est une vraie force de pouvoir dire « Ok, je vais respirer un peu ». Et je pense que même les gens le ressentent, tu vois. Je suis plus détendu, moins stressé, et du coup, l’énergie que je mets dans chaque projet est vraiment différente.
Manon : Avant, j’étais dans ce truc où je voulais prouver quelque chose, tu sais, à mes parents, à mes potes, à moi-même. Je me disais qu’il fallait toujours faire plus, toujours en montrer plus pour montrer que j’étais capable. Mais au final, tu te rends compte qu’en fait, tu n’as rien à prouver à personne. La seule personne à qui tu dois prouver quelque chose, c’est toi-même. Après, je ne suis vraiment pas un exemple non plus, je suis plutôt du genre à enchaîner les rendez-vous et à vouloir faire 10 000 choses à la fois. Ce matin, par exemple, j’ai eu deux rendez-vous, j’ai mangé avec ma sœur, puis j’ai fait deux heures de route, et là, j’ai encore trois rendez-vous qui m’attendent. Et je sais que c’est trop, je le sais ! Mais c’est hyper difficile de dire stop, de lever le pied.
Antonio : Ouais, c’est dur, ça. Moi aussi, ça me prend souvent de dire « Ok, là, j’ai fait le max pour aujourd’hui, je m’arrête là ». Mais franchement, c’est une vraie discipline de savoir poser des limites. Parce que si tu continues à courir sans arrêt, à vouloir remplir ton agenda, tu risques de t’épuiser encore plus vite. Et je sais que plus tu donnes, plus tu t’épuises, plus tu vas finir par manquer d’énergie pour tout le reste. Moi, je suis à un point où je me dis qu’il faut vraiment préserver mon énergie pour la saison à venir, pour être en forme, pour pouvoir profiter des mariages, des projets. C’est tout un équilibre à trouver.
Manon : Ouais, clairement. C’est difficile de trouver cet équilibre, mais ça devient essentiel, tu vois. Même si c’est tentant de tout faire, de remplir ton agenda, au final, c’est ton bien-être qui en prend un coup. Et c’est ça qu’il faut préserver, parce qu’après tout, si tu n’as plus d’énergie, tu peux pas donner le meilleur de toi-même dans ton boulot.
Antonio : Exactement. Et je pense qu’une fois que tu comprends ça, que tu acceptes d’avoir des moments off, des moments où tu n’es pas toujours productif, ça devient plus facile à gérer. C’est vraiment là que tu te dis "Ok, il faut que je me préserve pour être performant plus tard". Pas facile, mais essentiel.
Manon : Oui, c’est clair. Mais comment t’as appris à gérer ton temps comme ça, justement ?
Antonio : Bah, l’entrepreneuriat m’a permis d’explorer ça en profondeur, de vraiment me découvrir. Du coup, maintenant je sais mieux poser des limites. Mais c’est encore difficile, tu vois. Il y a des moments où je dis « oui » ou j’accepte des trucs que je sais que je ne devrais pas faire, et je sais que ce n’est pas bon pour moi, mais je le fais quand même. Mais au fur et à mesure, tu apprends à mieux te connaître. Et c’est un truc de dingue, parce qu’à un moment donné, tu arrives à dire « non » à des projets ou des choses qui ne te conviennent pas. Là, tu te respectes plus, tu respectes ton calme, et tu commences vraiment à mieux gérer ton temps.
Manon : C’est comme un choix entre toi et le projet, en fait ? Quand tu te dis : « Soit je m’écoute, soit je fais ça et je me perds. »
Antonio : Exactement. C’est un peu ça. C’est une décision entre ta santé, ton bien-être, et un projet qui peut te faire perdre de l’énergie pour rien. À un moment donné, tu préfères te sauver toi plutôt que d’accepter quelque chose qui te coûte trop. Et tu vois, c’est incroyable cette sensation de pouvoir dire « non ». je te jure. Je pense que tout le monde, au début, se dit qu’il faut tout accepter, prouver qu’on est capable de gérer, que l’on peut tout faire. C’est aussi pour l’image, pour la fierté personnelle, pour prouver qu’on est différents. Mais au final, tu te rends compte que ça ne te rapporte rien de concret. Financièrement, ça ne sert à rien, et au contraire, ça te pompe ton énergie. T’as passé du temps en post-production pour des photos qui ne te plaisent même pas, et du coup, ça te mine le moral. Tu te retrouves avec rien, à part de la fatigue et du stress. C’est pour ça qu’il faut savoir dire « non » à certains projets, et même si ça te paraît difficile au début, c’est tellement libérateur. Quand tu fais ça, c’est comme si tu te donnais un énorme cadeau à toi-même. C’est magique de pouvoir dire : « Non, ça ira pas cette fois, merci. » C’est une vraie libération, vraiment.
Manon : Franchement, ça doit faire trop bien de dire non.
Antonio : Après, ça peut paraître un peu égocentrique…
Manon : Pour ceux qui ne comprennent pas oui.. Mais ouais, la magie de dire non… c’est ça, on a résumé le truc, quoi. D’ailleurs, en parlant de ça, hier soir, je me suis posé un peu et j’ai fouillé sur le burnout. Je t’avoue, je n'avais pas préparé les questions avant, donc je me suis dit "Ok, c’est demain, faut que je me mette à jour." Et là, je suis tombée sur des chiffres hyper intéressants. J’ai vu que un entrepreneur sur deux est susceptible de faire un burnout au cours de sa carrière. Et en plus, environ 18% des entrepreneurs ont réellement vécu un burnout. C’est énorme, non ?
Antonio : Franchement, ça fait un peu flipper. Parce qu’en fait, tu crées ton entreprise, tu fonces, tu vois, mais après, il ne se passe plus rien, t’es là tout seul dans ton coin, dans la jungle, et tu sais pas trop où aller, tu vois. C’est… flippant. Moi, je sais que je n’ai eu aucun repère, aucun modèle sur lequel m’appuyer. J’ai avancé au fur et à mesure. Et en vrai, ces chiffres, je les comprends à fond. C’est normal, c’est tellement normal. 18%, c’est un truc de malade. C’est fou.
Manon : Après, je me suis demandé, pourquoi tous ces gens finissent en burnout ? Qu’est-ce qui cause ça, tu vois ? En fait, la première cause, c’est l'isolement et la solitude. T’es tout seul, dans ta merde, quoi. C’est ça, le problème. Ne pas avoir de soutien, pas d’accompagnement. C’est dur à vivre, parce que personne ne te comprend vraiment, personne n’est dans la même vie que toi, tu vois. Et puis, un entrepreneur, c’est tellement « à gauche, à droite », que c’est compliqué de suivre.
Antonio : Exactement. Et je ne sais pas si toi, tu le vis comme ça, mais je pense que c’est ça. Dans notre métier, tu te retrouves d’un coup à être en surmenage, à côtoyer plein de monde, et puis après, bam, tu te retrouves derrière ton écran tout seul pendant des heures. Et ça, c’est trop lourd, tu vois. Tu passes d’une situation où tu es entouré, à une solitude totale, sans transition. Et franchement, moi, cette solitude, ça m’a tuée. Je pense que c’est une des raisons de mon burnout, ça m’a fait couler grave. C’est pour ça que je pense que c’est super important de s’entourer, même de déléguer une petite partie à quelqu’un d’autre. Et surtout, de parler à quelqu’un. Même si c’est juste pour échanger des idées, ça aide de ouf. Même des petites choses, comme travailler dans un coworking, côtoyer d’autres entrepreneurs, ça change tout. Ça permet de se décharger un peu, de se sentir entouré et de s’apporter des choses mutuellement. C’est essentiel, je pense.
Manon : Oui, c’est super important d’être bien entouré, en effet. Et maintenant, avec ton équipe, ça doit vraiment être top, non ? À deux, ou même à plusieurs, ça doit être tellement plus facile à gérer !
Antonio : Oui, émotionnellement, ça m’aide énormément. Déjà, d’avoir une équipe avec qui tu peux parler, ça fait toute la différence. C’est vraiment un truc de dingue, tu vois. Et puis, je peux aussi déléguer des tâches dans lesquelles je ne suis pas très performant, comme l’organisation, par exemple. C’est vraiment le truc que je déteste faire. Et aussi le montage vidéo, Maëlle peut m'aider à monter les réels pour les clients. La délégation, c’est tellement important. C’est une façon de se concentrer sur ce qu’on fait bien et de laisser les autres gérer ce qu’on n’aime pas ou ce pour quoi on est moins compétent. On ne peut pas être bon partout, tu vois. Et je pense qu’un bon entrepreneur, c’est quelqu’un qui reste dans sa "zone de brillance". Il faut savoir où on excelle et y rester. Parce que sinon, tu finis par te perdre, vraiment.
Manon : C’est super intéressant ce que tu dis là. Il faut que je trouve ma zone de brillance, tu vois. Je me suis toujours dit que je voulais créer une entreprise, mais je ne me suis jamais vraiment posé la question pourquoi exactement. Parce que mes parents sont entrepreneurs, c’est un peu logique que je me sois lancé là-dedans. Depuis tout petit, j’ai vu ça à la maison. En plus, j’adore gérer des projets, je suis vraiment quelqu’un de très organisé. Mais en fait, je fais tout ça parce que j’aime ça, pas forcément dans l’optique de "créer une entreprise". C’est plus comme une continuité. Par exemple, je faisais de la photo, j’ai eu 18 ans, je devais me déclarer, donc j’ai créé mon entreprise. Voilà, c’est comme ça que ça s’est fait. Je fais aussi un peu de compta, mais est-ce qu’on peut vraiment appeler ça de la compta ? Je sais pas, mais je le fais. C’est un peu à l’arrache, tu vois. Mais c’est vrai que je n’ai jamais vraiment pensé à un projet d’entreprise, plus à une suite logique de ma passion pour la photo. Mais du coup, je ne me suis jamais posé la question de ma "zone de brillance". J’ai toujours fait un peu de tout, parce que c’était la suite de ma passion. Je ne me suis pas dit "OK, c’est ça que je veux faire en tant qu’entrepreneur".
Antonio : Je t’invite vraiment à définir ta zone de brillance. Avec l’agence que j’ai lancée récemment, ça me pousse à réfléchir à tout ça. Il y a des aspects que j’adore, comme la création, et d’autres moins, comme la gestion administrative. C’est là que je me dis : "Mais attends, quelle est vraiment ma zone de brillance ?" Peut-être que je devrais me concentrer plus sur la partie créa, qui m’excite vraiment. Mais il y a aussi des moments où je me demande : "Est-ce que je devrais me recentrer sur la photo ?" Puis je me dis que non, ce n’est peut-être pas ça non plus. Tu vois, il y a tout un flot de questions comme ça qui m’occupent l’esprit.
Le problème, c’est que j’ai commencé en tant qu’Antonio le photographe. Tu vois, tout le monde m’associe à ça, et c’est dur de se détacher de cette image. Parce qu’on va toujours dire : "Ah, c’est Antonio, le photographe, il est génial en photo." Mais au fond, je me rends compte que je ne veux peut-être plus être juste ça. Et c’est un peu difficile à accepter. Là, mon Instagram est encore centré sur la photo, mais j’essaie de le faire évoluer vers l’entrepreneuriat. Le souci, c’est que j’ai peur de perdre des gens en route. Je me dis : "Si je change, si je parle moins de photo et plus d'entrepreneuriat, est-ce que mes abonnés vont me suivre ?" Mais je pense que c’est normal d’avoir peur de perdre une partie de son audience en cours de route. Mais au final, tu dois rester fidèle à toi-même. Si tu veux évoluer, il faut que ton message évolue aussi. Je ne veux pas faire de shootings juste parce que ça plaît aux gens. Si ça me plaît à moi et que j’ai un message à transmettre, je vais le faire. Même si ça ne plaît pas à tout le monde, tant pis. Je sais que mon message pourrait en inspirer certains. C’est juste un processus de transition, et c’est un peu compliqué. C’est compliqué de "switcher", tu vois, de passer d’une casquette à une autre.
Manon : Oui, je vois ce que tu veux dire. Passer d’une casquette à l’autre, ça doit être un vrai défi. J’ai eu un peu la même expérience lors de mon premier stage. Les gens m’avaient recrutée pour mes compétences en photo, tu vois. Mais moi, je voulais vraiment apprendre autre chose dans ce stage, pas seulement faire de la photo. Je voulais être là pour apprendre tout ce qui touche à la communication globale, mais on m'a souvent demandé de faire de la photo, parce que ça servait à l’entreprise. J’’étais censée être stagiaire en communication, pas photographe. Et c’est vrai que c’est un peu bizarre de jongler entre ces rôles. Tu as une personnalité, mais tu dois t’adapter à chaque situation et chaque casquette. Tu sais, passer de "la photographe" à "la stagiaire", puis parfois à "la podcasteuse", et ainsi de suite. C’est un peu un casse-têtel parfois.
Antonio : Oui, exactement. C’est pas vraiment avoir plusieurs personnalités, mais c’est comme s’il fallait tout réorganiser dans ta tête à chaque fois. Par exemple, moi, quand je suis en EVGF avec un groupe de filles, je ne peux pas être aussi "professionnel" que quand je suis avec des clients ou des partenaires. Même si je n’ai pas une posture super rigide de directeur, il y a quand même des moments où je dois être plus sérieux. Alors qu’avec les filles en EVGF, je suis beaucoup plus spontané, plus décontracté. C’est important de savoir faire ces transitions, mais c’est pas toujours facile. C’est ce qu’on appelle la "multi-potentielité", je crois. Le fait d’avoir plusieurs facettes, plusieurs talents, plusieurs compétences à différents moments. C’est pas forcément une mauvaise chose, au contraire, mais ça demande de la conscience et de l’adaptabilité. C’est un vrai défi, mais c’est aussi un cadeau. Et je pense que l’entrepreneuriat, c’est un peu ça : au début, on se lance dans un projet, puis peu à peu, on se rend compte qu’on veut bâtir quelque chose de plus grand, un système, une organisation. Moi, par exemple, je veux créer toute une holding, relier différents projets, créer des partenariats, et ainsi de suite. Et au fur et à mesure, le "petit photographe" que j’étais s’efface, il fait partie du passé, tu vois ?
Manon : C’est fou, non ? Tu passes d’un simple photographe à un entrepreneur avec une vision plus globale. Et le plus impressionnant, c’est que tu n’as même pas fait d’études supérieures pour ça. Tu as tout appris sur le terrain, à force de travail et d’expérimentation. C’est ça qui est incroyable, tu te rends compte qu’on peut apprendre tellement de choses en autodidacte, même sans passer par les voies traditionnelles de l’école. Après, il y a des trucs qu’on pourrait apprendre à l’école, mais au final, c’est souvent sur le terrain que tu apprends le plus. On n’a des conseils par-ci par-là, mais c’est pas vraiment du contenu super approfondi. Pas beaucoup plus sur l’entrepreneuriat, en tout cas. Mais c’est fou de se dire que, malgré tout, t’as pas fait de grandes études et pourtant tu te retrouves là, à réussir dans ce que tu fais.
Antonio : Bah, merci ! Je pense qu’il faut vraiment être curieux et croire en ton projet, c’est ça qui m’a fait avancer. Je me répétais ça dans la salle de bain tout à l’heure, en préparant le podcast. Si tu crois vraiment en ce que tu fais, peu importe ce qui arrive, les critiques comme les compliments, rien ne pourra affecter ta conviction. Ça devient une sorte de bulle, tu vois, où tout ce qui est extérieur, même les obstacles, ne t'atteint plus vraiment. Mais faut pas se mentir non plus, ça demande du travail et de la persévérance. Je me suis souvent planté, hein. Des fois, je rendais des trucs complètement hors sujet, le contenu était mauvais, ou même niveau administratif, ça partait en vrille. Mais, en vrai, je m’en fous. Tu vois, j’essaie de me rattraper, de faire mieux à chaque fois. Et surtout, je me rappelle que je n’ai que 22 ans, donc je suis encore en train d’apprendre. C’est normal de se planter. Ça arrive à tout le monde, et c’est comme ça qu’on apprend. C’est important de foncer, même si tu as peur, même si ça semble pas toujours parfait. Et surtout, il faut s’entourer des bonnes personnes. Moi, je suis suivi par un cabinet de comptabilité, ils me donnent des conseils et tout. Ça m’aide à être mieux structuré et à éviter de trop de bêtises. Et puis c’est super important de travailler avec des gens avec qui tu t’entends bien, vraiment. Si jamais tu veux créer ta boîte, mais que tu ne sais pas quel statut choisir, ben tu appelles quelqu’un, tu payes pour leur service, mais au moins, tu sais, tu as les bonnes informations. Là, dans pas longtemps, je vais aussi appeler un expert financier. J’aimerais vraiment construire un système plus large, un truc bien structuré, mais je n’ai pas forcément les connaissances en la matière. Donc, c’est vraiment essentiel d’être bien conseillé, d’avoir un peu de sécurité, de savoir que ton projet est viable.
Manon : Franchement, tu viens de donner plein de bons conseils à ceux qui souhaitent se lancer. C’est exactement ce qu’il faut.
Antonio : Ah, mais tant mieux ! Parce que, pour être honnête, c’est pas facile pour moi de mettre tout ça en mots. J’ai toujours l’impression de pas être assez clair, tu vois.
Manon : T’inquiète, c’est super clair. C’est juste que parfois, on a du mal à se rendre compte qu’on peut inspirer avec des choses qu’on fait naturellement.
Antonio : Merci ! C’est cool que ça puisse aider. Mais du coup, pour finir, si j’avais deux conseils à donner à quelqu’un qui se lance, c’est d’abord de croire en son projet à fond, parce que tu vas vivre avec tous les jours, 24h/24, et il faut que tu sois vraiment convaincu de ce que tu fais. Ensuite, il est super important de garder ta bulle, de ne pas trop écouter les autres. Beaucoup vont essayer de te dissuader en te disant que ça ne marchera pas, mais c’est surtout leurs peurs à eux. Si tu les écoutes trop, tu risques de te laisser influencer, et ça peut te faire douter. Il faut rester fidèle à ta vision, à ta croyance en ton projet.Ne pas se laisser emporter par les doutes des autres. C’est tellement facile de perdre confiance quand quelqu’un te dit que ça ne va pas marcher. Et puis, même quand tu te plantes, faut pas abandonner. C’est comme ça qu’on apprend, et avec le temps, tu construis quelque chose de solide.
Manon : Trop bien, merci beaucoup pour tout ça. Cet échange était vraiment enrichissant.
Antonio : C’était un plaisir !
Manon : J’espère que ça a pu aider des gens à se lancer, ou à retrouver de la motivation s’ils sont en train de traverser des moments difficiles. Et peut-être même inspirer des futurs photographes, des directeurs d’agence, ou même des entrepreneurs de tout horizon.
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